Le gouvernement pouvait-il prévoir qu’il y aurait une pénurie d’équipement de protection individuelle?
La mondialisation et l’économie ouverte sur le monde ont fait en sorte de délocaliser un grand nombre d’usines de production. Ainsi, depuis des années, tous les pays s’approvisionnent au même endroit pour beaucoup de fournitures.
Lorsque la COVID-19 est devenue un enjeu de santé publique à l’échelle planétaire, il y a donc rapidement eu pénurie d’équipement de protection individuelle.
Le gouvernement du Québec aurait-il pu mettre sur pied une réserve dans l’éventualité d’une crise comme celle que nous connaissons présentement ?
VériFIQation faites!
En 2009, le Québec avait stocké 23 millions de masques, 53 millions de gants et 2,3 millions de blouses médicales pour faire face à l’épidémie de SRAS. La mise sur pied d’une telle réserve a d’ailleurs été l’objet d’une recommandation d’un comité du Ministère de la Santé et des Services sociaux sur les mesures de prévention du SRAS.
En 2012, durant la crise de l’Influenza, le comité ministériel sur la gouvernance du réseau est arrivé à la même recommandation. Pourtant, en 2020 le Québec ne disposait toujours d’aucune réserve nationale de matériel médical.
L’État a pris la décision de n’entreposer aucun équipement par crainte de les gaspiller puisque ceux-ci ont une date de péremption. Il a donc décidé de se plier à un adage de la gestion lean, soit l’approvisation just in time.
Le just in time consiste à se livrer à la production uniquement d’une quantité nécessaire à une consommation immédiate. Pourtant, il est simple de procéder à une gestion de stock responsable et d’accumuler une certaine quantité de matériel, d’en écouler un certain pourcentage périodiquement pour les interventions courantes et de la remplacer au fur et à mesure pour en avoir toujours une certaine quantité disponible lorsqu’on est confronté à une crise.
Le Canada dispose quant à lui d’une telle réserve d’urgence. Toutefois, l’Agence de santé publique du Canada a révélé que celle-ci était dans un état désuet. Des hauts-fonctionnaires soutiennent qu’un manque de surveillance des stocks dans les 10 dernières années et qu’une diminution constante des dépenses allouées à la sécurité sanitaire n’ont pas permis de maintenir une quantité adéquate et à jour d’équipement pour faire face à une pandémie comme celle de la COVID-19.
Il faut donc conclure que la non-préparation a été un choix, celui de ne pas entreposer une réserve adéquate d’équipement de protection individuelle. De plus, en maintenant nos relations commerciales avec des fournisseurs à bon marché, on cède notre capacité à produire de l’équipement de protection individuel à des pays ne favorisant pas de bonnes conditions de travail pour leurs citoyens.