Est-ce vrai que les professionnelles en soins ne sont pas intéressées à travailler à temps plein?
Si on en croit le gouvernement, OUI!
À la période de questions du 26 mai 2020, le premier ministre déclarait : « il manquait 10 000 employés dans nos CHSLD avant la crise. On veut bien afficher 20 000 postes, mais la priorité à court terme, c’est de combler les 10 000 postes qui ne l’étaient pas avant la crise. »
Selon le gouvernement du Québec, plusieurs postes ne sont pas comblés dans le réseau de la santé car selon lui, les professionnelles en soins ne veulent pas travailler à temps complet.
S’il est vrai que les postes à temps complet sont difficiles à combler, est-il vrai d’affirmer que c’est parce que les professionnelles en soins ne veulent pas travailler à temps complet? Pouvons-nous réellement rejeter sur les épaules des professionnelles en soins le fait qu’elles tournent le dos à ces postes?
VériFIQation faite!
On entend très peu le premier ministre se prononcer sur les véritables raisons pour lesquelles les professionnelles en soins refusent d’aller dans ces postes. S’il nommait ces raisons, peut-être serait-il plus à même de proposer des solutions pour corriger le problème.
La réalité, c’est que ces postes à temps complet n’ont absolument rien d’attractif, notamment en ce qui concerne la conciliation travail et vie personnelle. En effet, tous les postes à temps complet créés à la suite du rehaussement prévu dans la dernière convention collective incluent de la mobilité, soit de sites ou de quarts. Concrètement, cela veut dire que le poste oblige la détentrice à changer régulièrement, soit d’horaire, soit de lieux de travail. N’oublions pas que la majorité du personnel soignant est des femmes, dont un grand nombre ont des responsabilités familiales accrues.
Dans ce contexte, est-ce étonnant qu’une mère de famille préfère prendre un poste à temps partiel, pour être en mesure d’assumer ses responsabilités familiales?
Sans parler de la surcharge de travail, du temps supplémentaire obligatoire, etc. Les femmes choisissent donc des postes à temps partiel pour concilier leurs responsabilités familiales, et pour éviter de mettre en péril leur santé mentale et physique.
De plus, même si en théorie, les postes à temps complet s’accompagnent d’avantages comme des congés prévus à la convention, il est de plus en plus difficile de se prévaloir de ces congés, à cause de la surcharge de travail.
Par contre, le jour où les postes à temps complet seront compatibles avec la vie familiale et personnelle, il est à parier que les femmes y reviendront en grand nombre, car les postes à temps complet leur assureraient une meilleure sécurité financière maintenant, ainsi qu’à leur retraite.