Racisme systémique : une lutte collective
Notre organisation se devait d’aborder de front cet enjeu qui a largement fait parler de lui ces derniers temps. Pour ce faire, la délégation réunie en congrès pouvait compter sur la participation de deux conférenciers venant du milieu de la santé et qui ont bien voulu partager leurs expériences, leurs observations mais aussi leur expertise sur les enjeux du racisme systémique.
Samir Shaheen-Hussain est professeur adjoint à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université McGill et travaille comme pédiatre urgentiste à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Depuis une vingtaine d’années, il s’implique dans divers mouvements d’action sociale, dont les mouvements de solidarité avec les peuples autochtones, de lutte contre la brutalité policière et de justice pour les personnes migrantes.
Quant à Isabelle Wallace, elle est membre de la Première Nation Malécite du Madawaska dans le nord du Nouveau-Brunswick. Elle œuvre comme infirmière dans les communautés autochtones et nordiques. Madame Wallace est titulaire d’un baccalauréat en sciences infirmières de l’Université de Moncton et d’une maîtrise en sciences infirmières de l’Université d’Ottawa. Sa thèse portait sur l’intégration de la compétence culturelle autochtone en sciences infirmières.
Les deux conférenciers ont rappelé aux déléguées que le racisme systémique est omniprésent dans le réseau de la santé. Il se manifeste dans les grandes décisions administratives, tout comme dans les petits gestes au quotidien, citant au passage de nombreux exemples tirés de l’actualité des dernières années : Joyce Echaquan, Mireille Ndjomouo, Kimberly Gloade, Brian Sinclair. Toutes ces personnes ont en commun de faire partie de groupes racisés et d’être décédées à cause de la négligence de la part d’un système de santé sensé les protéger.
Monsieur Shaheen-Hussain a notamment rappelé le cas des enfants inuits évacués par avion, à bord desquels on refusait l’accès aux parents. Le ministre de la Santé de l’époque, Monsieur Gaétan Barette, avait justifié cette décision du fait que les accompagnateurs de ces enfants risquaient d’être intoxiqués par l’alcool ou la drogue. Il ne s’agit là que d’un exemple qui illustre bien l’existence d’un colonialisme médical bien établi et souvent inconscient.
Madame Wallace invite quant à elle chacune des professionnelles en soins à faire preuve d’humilité et à reconnaître que le racisme est en nous, en raison des biais liés à notre éducation, à nos expériences, nos processus de socialisation et nos croyances personnelles. Devenir antiraciste est la démarche d’une vie et exige qu’on prenne d’abord conscience de nos privilèges et de nos préjugés.
Pour reprendre une phrase du sénateur Murray Sinclair, « le racisme systémique est le racisme qui reste lorsqu’on s’est débarrassé́ des racistes ».